- empoisonneur
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1 ♦ Criminel qui use du poison. « Elle ne fut pas brûlée vive comme l'étaient les empoisonneurs » (Michelet).2 ♦ Fig. Littér. Corrupteur. « Un faiseur de romans [...] est un empoisonneur public » (P. Nicole).3 ♦ Fam. et vieilli Personne qui empoisonne, ennuie tout le monde. ⇒ poison; emmerdeur.empoisonneur, eusen.d1./d Personne coupable d'empoisonnement.d2./d Fam. Importun.⇒EMPOISONNEUR, EUSE, adj. et subst.I.— AdjectifA.— Rare. [En parlant d'une pers.] Coupable d'empoisonnement. Figure bilieuse et intelligente de Coelbo (...) masque terrible posé sur un col dur qui lui donne l'air d'une dame de province empoisonneuse (GREEN, Journal, 1950, p. 203).B.— Usuel. [En parlant d'une chose] Qui empoisonne, intoxique. Breuvage empoisonneur. Vos lèvres ont tari le philtre empoisonneur (SAINTE-BEUVE, Poés., 1829, p. 72). Tout avait la figure intègre du bonheur; Pas de bouche d'où vînt un souffle empoisonneur (HUGO, Légende, t. 1, 1859, p. 30).— Au fig. Qui corrompt. Antre, plaisir, luxe empoisonneur. C'était, à la Guerdache, l'insolence du luxe pourrisseur, la jouissance empoisonneuse qui achevait de détruire la classe des privilégiés (ZOLA, Travail, t. 1, 1901, p. 163).II.— SubstantifA.— Personne qui a empoisonné quelqu'un. Arrêter un empoisonneur; l'empoisonneur a avoué son crime. Il ne faut pas longtemps pour punir des meurtriers et des empoisonneurs (DUMAS père, Reine Margot, 1847, V, 6, p. 183). On traita le jeune praticien qui lui avait donné le remède d'apothicaire du diable et d'empoisonneur public (FRANCE, Génie lat., 1909, p. 38) :• À Bruxelles, on juge une empoisonneuse qui n'a pas envoyé moins de douze personnes dans l'autre monde.GREEN, Journal, 1938, p. 124.— P. anal. Il [le monde végétal] a lui aussi ses parasites, ses empoisonneurs, ses assassins, et certains champignons sont plus corrompus que certains êtres (MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 222).— P. exagér., arg. Restaurateur, hôtelier. « Faut ben manger chez l'empoisonneur quand on ne peut pas faire sa frigousse à la maison » (BRUANT, Dict. fr.-arg., 1901, p. 393).B.— Au fig.1. Personne qui corrompt, qui exerce une influence pernicieuse. Synon. corrupteur. Jean-Jacques, ce mainteneur de la loi et de l'ordre chrétien, contre les pourrisseurs et les empoisonneurs de l'esprit public (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 222). Ne croyez pas aux saint-simoniens! Des empoisonneurs de l'opinion (ARNOUX, Roi, 1956, p. 340).2. Fam. Personne qui dérange, qui ennuie. Synon. emmerdeur (pop.). Et sous les ponts! Ferdinand!... C'est là, que j'aurais dû bien le laisser... Parfaitement! Empoisonneur de ma vie! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 490).Prononc. :[
], fém. [-ø:z]. Étymol. et Hist. Fin XIIIe [ms.] « celui qui empoisonne » (Le diacre LOTHIER [Innocent III], La Misère de l'homme, Ars 5201, p. 360b ds GDF. Compl.); 1616 id. « celui qui corrompt les mœurs » (D'AUBIGNÉ, Tragiques, éd. Réaume et Caussade, 1. III, p. 136). Dér. de empoisonner; suff. -eur2. Fréq. abs. littér. :139. Bbg. ROG. 1965, p. 110.
empoisonneur, euse [ɑ̃pwazɔnœʀ, øz] n. et adj.ÉTYM. XIIIe; de empoisonner.❖♦ Personne qui empoisonne.———I N.1 Criminel qui use du poison. ⇒ Assassin, criminel (→ Ardent, cit. 12). || Locuste, la Brinvilliers, fameuses empoisonneuses. || Le procès de l'empoisonneuse (→ Reconnaissance, cit. 17).♦ Par exagér. (fam.). Mauvais cuisinier.1 Car Mignot, c'est tout dire, et dans le monde entierJamais empoisonneur ne sut mieux son métier.Boileau, Satires, III.2 Fig. Corrupteur (→ Empoisonner, 4.).2 Un faiseur de romans et un poète de théâtre est un empoisonneur public, non des corps, mais des âmes des fidèles, qui se doit regarder comme coupable d'une infinité d'homicides spirituels, ou qu'il a causés en effet ou qu'il a pu causer par ses écrits pernicieux.3 (…) vous voilà vous-mêmes au rang des empoisonneurs.Racine, Lettres à l'auteur des hérésies imaginaires (Nicole).4 Ah ! sorcière maudite, empoisonneuse d'âmes (…)Molière, l'École des femmes, II, 5.5 Cet empoisonneur a osé mettre en circulation, sous forme de Contes pour les jeunes filles, de dissolvants et inexorables toxiques.Léon Bloy, le Désespéré, p. 183.———II Adj. Rare. Qui empoisonne (au propre et au fig.). || Un breuvage empoisonneur. — Un luxe empoisonneur. ⇒ Corrupteur.
Encyclopédie Universelle. 2012.